Ville de Cajabamba,

Depuis notre dernier article, il s’est passé beaucoup de choses. Tout d’abord, grâce à nos permis internationaux, André peut conduire la camionnette (pick-up Nissan NP300 Frontier). Il a donc pu s’initier à la conduite (manuelle) sur des routes rocailleuses souvent à peine plus larges que la voiture, avec des virages de plus de 100 degrés, des pentes très raides, et par-dessus tout, conduire le long des précipices sans trembler comme une feuille. Il n’y aura plus rien pour l’arrêter, sauf les tarentules. En effet, il y a deux semaines, nous avons reçu la visite de l’une de ces braves bêtes dans la cour intérieure de la maison. André ne savait plus quoi faire avec ce magnifique aranéide tout poilu. Un coup de balai et c’en était fini. Mais il semble qu’elles ne soient pas vraiment dangereuses et ne soient pas venimeuses dans ce coin de pays.

Du côté d’Odette, l’apprentissage de la cuisson au gaz et en altitude se fait graduellement par essaies et erreurs. Elle a réussi un extraordinaire gâteau aux bananes et au yogourt. Moelleux, fondant dans la bouche. Un vrai délice. Tout cela fait un peu sexiste, mais chacun ses talents. Le plus gros problème que nous connaissons avec l’art culinaire, c’est l’absence des ingrédients que nous avons l’habitude d’utiliser. Parfois, nous en retrouvons des similaires, mais les résultats ne sont pas garantis. En passant, nous souffrons énormément de l’absence du beurre d’arachide. Nous devons attendre la visite d’une sœur MIC (Missionnaire de l’Immaculée Conception) de Lima pour en obtenir.

Passons aux choses sérieuses. Nous sommes allés visiter certaines écoles primaires et secondaires de la région afin de partager à tous la parole de Dieu. À l’occasion du jubilé de la miséricorde, sœur Cipriana discute principalement du pardon de Dieu, sujet qui est bien difficile à comprendre ici et à appliquer. Les mœurs sont bien différentes. Même certains professeurs de religion appliquent encore une mentalité qui existait dans les années ’50 au Québec. On parle encore beaucoup de péchés et d’interdiction de recevoir la communion dans certains cas. Même un Père d’une communauté bien particulière a refusé le baptême à des enfants parce que les parents n’étaient pas mariés. Il est donc très difficile de changer cette idéologie dépassée.

Dans l’école secondaire de Cauday, Sœur Cipriana et André ont su mettre beaucoup de dynamisme avec les groupes de secondaire 5. En effet, bien que les jeunes soient extrêmement timides (et extrêmement polis soit dit en passant), le bouffon de l’endroit a relevé le défi d’André de venir sur la scène et de danser avec lui. Les élèves ont bien ris des mimiques d’André avec l’adolescent et il est ainsi devenu une grande Star! On lui demandait des « Selfs ».

Activité avec les jeunes du collège de Cauday

Activité avec les jeunes du collège de Cauday

Activité avec les jeunes du collège de Cauday

Activité avec les jeunes du collège de Cauday

Bien entendu, il faut être un peu plus sérieux de temps en temps. Il y a donc des rencontres entre les catéchètes de Cauday dans le but de discuter des prochaines activités, des priorités de la paroisse, des problématiques à solutionner, etc… Par contre, il est difficile que tous soient présents en même temps. Avec le travail dans les champs, le travail à l’extérieur de la maison (vente de leurs produits) et les responsabilités familiales, les catéchètes, qui sont tous des bénévoles, sont bien occupés.

Centre de pastorale de Cauday

Il y a également les rencontres entre catéchètes à l’échelle régionale. Tout comme à Chuquibamba, 3 jours après notre arrivée à Cajabamba, il y a eu une seconde rencontre la fin de semaine du 22 et 23 octobre dernier. Cette réunion se veut une formation sur un thème quelconque combinée à une rencontre amicale afin de resserrer les liens entre responsables des différentes communautés catholiques de la région. Cette seconde fin de semaine a eu lieu dans le village de Tabacal et le thème portait sur les prophètes de l’ancien testament. Ici, au Pérou, l’ancien testament a beaucoup d’importance. Encore une fois, il est difficile d’obtenir la présence des 92 catéchètes de la région. Néanmoins, nous avons atteint le nombre de 48 personnes en tout. Ce qui est très acceptable vu l’éloignement, l’état des routes, et la communication parfois défaillante. Il arrive que les messages ne se rendent pas même si la plupart des gens possèdent un cellulaire. Sans compter qu’il y a certaines personnes de la campagne qui n’en possèdent pas.

Chapelle et village de Tabacal (cliquez pour voir toutes les photos)

Chapelle et village de Tabacal (cliquez pour voir toutes les photos)

Chapelle et village de Tabacal (cliquez pour voir toutes les photos)

Chapelle et village de Tabacal (cliquez pour voir toutes les photos)

Chapelle et village de Tabacal (cliquez pour voir toutes les photos)

Aussi, nous avons eu la chance d’aller remettre la communion à certaines personnes très âgées ou malades à Cajabamba ainsi qu’à Cauday. Si vous croyez que ces gens vivent parfois dans des conditions lamentables au Québec, ici, c’est à déchirer le cœur. Entre autre, le pire cas que nous avons vu est celui d’une vieille dame très malade, continuellement alitée. Elle était couchée dans une pièce d’une maison dont les murs sont constitués de briques de terres et d’un plancher en terre battue. Le taux d’humidité devait frôler le 100%. La seule fenêtre de la pièce ne laissait pas passer la lumière car elle était bloquée de l’extérieur par des cordées de bois. La pièce était tellement sombre que l’unique ampoule ne parvenait à nous éclairer. C’est à peine si on voyait la dame. La seule véritable lumière qui pénétrait était celle de la porte donnant à l’extérieure lorsqu’une personne entrait ou sortait. Il y avait deux autres lits. Il s’agissait donc de la chambre à coucher. Bien que la dame avait une certaine conscience et désirait la communion, sa fille n’était pas d’accord et n’était pas très aimable avec nous. Heureusement, ce n’est pas toujours ainsi. D’autres vieilles personnes sont bien traitées par leurs familles et il est agréable de leur rendre visite.

Au niveau des cérémonies, la plus frappante fut celle de Coïma. Nous avons participé à 14 baptêmes du coup. Parfois, après les cérémonies, il arrive que nous soyons invités à manger. Ce n’est pas toujours facile, bien que la nourriture servie soit généralement traditionnelle. La plupart du temps, le repas se constitue d’une soupe au blé ou au quinoa comme entrée. Parfois, la soupe est préparée avec des pattes de poulets pour donner du goût, ou avec rien, pour ne donner aucun goût. Le plat principal se présente généralement d’une tonne riz, 2 à 3 grosses tranches de patates, de blé qui ne possède aucun goût, et d’un morceau de poulet ou de cochon d’inde, selon la richesse de la famille, le tout accompagnée d’une sauce légèrement piquante. Il arrive que l’on serve des spaghettis à la place de l’un des items, sauf le riz. La qualité diffère également selon la richesse des familles, ainsi que sa préparation. Il se peut qu’il y ait des protéines supplémentaires dans les soupes. Au moins, nous savons que le tout a bouilli à gros bouillon sur le feu. On retire la protéine et on n’en parle plus. Heureusement, il n’y a pas toujours de soupe car, de la soupe en plus de l’assiettée qu’ils nous servent, nous ne pouvons pas tout manger. En effet, la coutume veut que l’on remplisse l’assiette pour qu’elle déborde… de riz. Alors, que fait-on si nous ne pouvons pas tout manger ? On sort notre doggybag voyons! Il faut toujours traîner un petit sac de plastique car on ne sait jamais.

Communauté de Coïma (cliquer pour voir toutes les photos)

Communauté de Coïma (cliquer pour voir toutes les photos)

Communauté de Coïma (cliquer pour voir toutes les photos)

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Communauté de Coïma (cliquer pour voir toutes les photos)

Communauté de Coïma (cliquer pour voir toutes les photos)

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Une fois, les catéchètes et nous-mêmes avions été invités suite à une célébration pour un défunt. Nous étions 12 en tout à embarquer dans notre petite camionnette au moteur peu puissant. André était le chauffeur. Le chemin était tellement pitoyable et le véhicule tellement lourd qu’il a fallu actionner les 4 roues motrices. Il était impossible de passer à la 2^e vitesse à cause des pentes. Ce qui aurait dû prendre 5 minutes en a pris pas loin de 30. Puis nous avons dû stationner le véhicule sur le bord du chemin et marcher à travers champ pour se rendre à la maison. Là, nous avons été accueillis chaleureusement. Par contre, comme il s’agissait d’une famille pauvre, on nous a servi de la poule. Ici, la poule (gallina) donne une viande dure, caoutchouteuse et immangeable. Il faut du poulet (pollo) pour avoir une belle viande tendre. En plus, la dame nous distribuait un jus d’une drôle de couleur, fait de maïs fermenté, donc, alcoolisé. Ici, la coutume veut que l’on boive tous cette boisson avec le même verre. André ne voulait pas en prendre, mais il s’est tout de même sacrifié en mettant son pouce sur le bord de ses lèvres. Par la suite, une chaleur très forte a envahie son œsophage. Il était bien heureux d’être le conducteur. Toute une excuse pour ne pas avoir à en prendre d’autre!!!

Hier, nous avons encore été invité, pas loin de Cauday. Nous nous sommes donc rendus à la demeure à pied, en gravissant une route dans la montagne où aucun véhicule moteur ne pouvait passer. Heureusement, c’était très bon, surtout les patates et le poulet. Le jus de maïs, non alcoolisé, était également bon, bien que très sucré.

Je vais vous épargner des autres fois.

Dans la liste des activités auxquelles nous avons participé, il y a la confirmation des jeunes. Tout d’abord, une fin de semaine de retraite avec des activités spirituelles et de réflexion (du vendredi soir au dimanche midi). Ce fut bien spécial, surtout l’activité du samedi où les jeunes ont eu à se bander les yeux et à se laisser conduire par un collègue et ce, en pleine nature. Des obstacles, il y en avait. L’activité de réflexion dans la forêt d’eucalyptus fut très agréable. Par contre, le soleil brulant fut difficile pour nous deux. Ici, quand le soleil tape, il tape fort. Aussi, on croirait que nous sommes tout près du ciel. Lorsque c’est pluvieux, nous avons l’impression que les nuages sont à quelques mètres à peine du toit des maisons. Un jour, les montagnes étaient plus hautes que les nuages. C’était incroyable et magnifique à voir. Nous avons également vu un magnifique arc-en-ciel. Mais ce qu’il y avait d’extraordinaire, c’est que nous pouvions en voir la base, dans la les champs entre les montagnes. C’était incroyable!

Retraite avec les jeunes a Cauday

Puis, deux semaines plus tard, ce fut la confirmation. Nous avons participé au nettoyage et à la décoration de l’église. D’ailleurs, c’est l’une de nos activités préférés (HUM!) et récurrentes, balayer et laver le plancher de l’église, épousseter le mobilier, etc… Les jeunes étaient tous bien habillés. Ils étaient beaux à voir. Ils semblaient fier de leur cheminement.

Confirmation à l'église de Cauday

Actuellement, nous nous préparons à aller vivre à Cauday, seulement nous deux. Cela nous permettra d’être plus près des gens. Nous apprendrons davantage à les connaître et nous serons plus à l’affut de tout ce qui se qui se passe dans cette paroisse. (En fait, ce n’est pas une paroisse. Cauday fait partie de la paroisse de Cajabamba, mais elle pourrait l’être s’il y avait des religieux qui y habitait en permanence). Mais par-dessus tout, nous pourrons davantage développer notre espagnol. D’ailleurs, les catéchètes sont bien d’accord avec notre projet. Ils sont de moins en moins timides avec nous (et vice versa). Cela nous fait vivre des situations bien comiques avec eux et bien agréables. Les gens sont généreux de cœur et nous attendent avec joie. Notre relation est bien différente lorsque nous sommes seuls avec eux. C’est pourquoi nous sommes très positifs et désirons vivement nous lancer davantage dans cette aventure. Cela me rappelle un moment magique que nous avons vécu à Tabacal. Nous devions attendre un mini-autobus pour notre retour (rien à voir avec les autobus du Québec. Il s’agit d’une fourgonnette transformée en autobus avec des sièges droits, étroits, à peine de la place pour les jambes, et attention à la tête lors des cahots car il n’y a pas 1 cm de distance entre elle et le plafond du véhicule. Les grandes personnes s’abstenir! Ha! Cela me fait penser, André ne s’est jamais senti aussi grand avant d’être dans ce pays.)

Bon, revenons à Tabacal. Nous devions attendre le véhicule. En attendant, nous sommes allés à la rivière, tout près. Actuellement, on ne peut pas vraiment parler de rivière car il n’y a pas beaucoup d’eau. Par contre, il y en avait suffisamment pour se tremper les pieds. Lorsqu’une catéchète s’est déchaussée pour se baigner les pieds, André a fait de même immédiatement. Lorsqu’il retira ses bas, les catéchètes trouvaient ses pieds tout blancs bien drôles, comparés aux leurs qui sont bruns. L’eau était chaude. Le vent, fort et très agréable. Sans oublier le magnifique panorama! Des jeunes qui avaient participés à la fin de semaine sont venus faire les fous et s’arroser. C’était vraiment un moment extraordinaire que nous avons vécus ici, au Pérou.

Nous recevons beaucoup d’encouragement. Cela nous fait très grand plaisir, ne lâcher surtout pas. Parfois, c’est très difficile ici. Tout est différent et nous nous ennuyons beaucoup de nos enfants et de nos amis. De temps en temps, nous devons nous accrocher fort à notre foi. Lors de notre prochain article, nous serons à Cauday. Là-bas, il n’y a pas d’Internet. Nous reviendrons à Cajabamba de temps en temps pour communiquer avec vous. D’ici là, vous êtes tous dans nos prières et nous pensons beaucoup à vous tous, les gens de notre paroisse, nos amis, les membres de nos familles.

Merci de nous lire!

Défilé dans un village voisin.