LA MISSION CONTINUE

Publié le 24 Avril 2017

LA MISSION CONTINUE

LES "HUAICOS"

Avril, déjà.  Depuis le dernier article, beaucoup, mais vraiment beaucoup d'eau a coulé sous, et sur les ponts.  Vous avez probablement vu à la télévision ou entendu parler des catastrophes qui ont eu lieu au mois de mars un peu partout au Pérou.  Plusieurs rivières importantes ont débordé et ont détruit des quartiers et des villages au complet.  Des millers de personnes ont absolument tout perdu ce qu'ils avaient durement gagné.  À chaque année, pendant la saison des pluies, les gens d'ici sont habitués de vivre certains problèmes avec le débordement des rivières et l'accroissement de la force du courant : petits ponts de bois détruits, route inondée puis recouverte de boue, cultures saccagées.  Ils appellent cela des "huaicos".  Je trouve que ce phénomène porte bien son nom.  Mais rarement ces huaicos font autant de ravages. 

UN MOIS À LIMA

Au mois de février, nous sommes allés passer un mois de sauna à Lima (+40 degré celcius par moment au centre-ville), question de libérer le centre de pastorale de Cauday pour un groupe de jeunes aspirantes MIC ayant à vivre une expérience missionnaire. Du même coup, nous sommes allés dans une école de Lima pendant 3 semaines afin d'améliorer notre espagnol.   Nous avions à marcher une vingtaine de minutes dans la circulation et les rues noires de pollution.  Puis nous devions prendre le Metropolitano.  Ici, il s'agit d'un nouveau système de transport qui ressemble énormément au métro mais sur terre, en autobus accordéon.  Les gens ne semblent pas habituées à ce nouveau type de transport.  Ils courent dans le terminus central comme s'il n'y aurait pas d'autres autobus.  Par deux fois, nous avons vu des dames "prendre une débarque" en se pressant trop.  Dans la ligne d'attente, lorsque l'autobus arrive, plusieurs tentent de passer devant les autres.  Tout le monde s'entasse comme de la sardine.  Les gardiens qui contrôlent les entrées et les sorties des autobus vont même jusqu'à pousser dans les portes pour les fermer.  Cela fait comme une éponge: ça écrase puis ça déserre un peu.  C'est à peine si nous pouvons bouger.  Une fois, Odette était incapable de se tenir à un poteau, trop de gens autour d'elle.  Par contre, ces personnes la serrait tellement que cela faisait comme un coussin de sécurité.  C'était difficile à croire.  Nous n'arrêtions pas de rire tellement nous trouvions cette situation incroyable.  Sans oublier la chaleur.  Comme je l'ai déjà dit, il faisait extrêmement chaud à Lima.  Des records de chaleur ont été battu.  Par deux fois également des personnes ont eu des malaises dans le Metropolitano dont la circulation d'air était, disons, à améliorer.  Après 3 semaines, il était temps que cela se termine.

A la plage de Miraflores et l'école de langue "EL SOL".
A la plage de Miraflores et l'école de langue "EL SOL".

A la plage de Miraflores et l'école de langue "EL SOL".

À l'école, nous étions très fier de nous car nous comprenions absolument tout ce que disaient les enseignants car ils parlaient bien et articulaient bien. C'était beaucoup plus facile que le dialecte parlé par les gens de la région de Cauday.  Ça, c'est quelque chose! Mise à part une jeune femme de 19 ans provenant du Luxembourg, nous étions les seules francophones.  Les autres étudiants de notre classe s'exprimaient en anglais et provenaient de divers endroits du monde, tels: États-Unis, Suisse, Australie, Nouvelle-Zélande, Luxembourg et... Canada (Vancouver) 

Pendant ce temps, nous pouvions voir à la télé la rivière causer des dégâts ici et là dans Lima, en arrachant peu à peu la terre de ses berges et faisant tomber des bâtiments à l'eau.  Mais comme ces événements étaient isolés, les gens ne semblaient pas y faire trop attention.  Bien qu'exceptionnel, la situation semblait être relativement normale pour le temps de l'année.

Lima vue de la montagne et cathédrale de Lima, Place Centrale.
Lima vue de la montagne et cathédrale de Lima, Place Centrale.

Lima vue de la montagne et cathédrale de Lima, Place Centrale.

UN PEU DE DIVERTISSEMENTS

 À la fin du mois de février, deux amis de la Californie sont venus nous rejoindre.  Nous en avons profité pour faire une pause de la mission et nous sommes allés visiter un peu le Pérou et apprendre un peu de la culture du pays.  Nous sommes donc allés 4 jours à Cuzco et visité plusieurs endroits, dont le Machu Picchu.  Lieu de toute beauté! Incroyable!  Ce fut un séjour mémorable en très bonne compagnie.  Nous avons appris beaucoup et cette pause nous fit un bien énorme.  En fait, nous devions y passer 5 jours.  Mais la saison des pluies réserve beaucoup de surprises. Le premier jour, c'est-à-dire le lundi, notre avion n'a pas pu atterrir à cause du brouillard.  Résultat ? Demi-tour vers Lima.  1 heure de vol en bonus! Ce fut un beau tour d'avion dans les nuages.  Le lendemain matin, nous avons pu repartir, mais avec 4 heures de retard, toujours à cause du brouillard.  Une fois arrivé à Cuzco, nous avons compris pourquoi.  La piste d'atterrissage est en pleine ville!  On voyait à peine les montagnes autour.

Visite de Chincheros et fabrication de laines.
Visite de Chincheros et fabrication de laines.

Visite de Chincheros et fabrication de laines.

Visite du Temple du Soleil et du Machu Picchu.
Visite du Temple du Soleil et du Machu Picchu.

Visite du Temple du Soleil et du Machu Picchu.

RETOUR À CAUDAY

Nous avons quitté Lima pour Cauday le 13 mars à 17h.  Nous avions 15 heures d'autobus à faire pour se rendre à Cajamarca.  L'arrivée était prévue pour 8h environ le lendemain matin.  Mais par trois fois la route fut bloquée.  Nous passions au compte-gouttes.  Ce fut très long.  Pendant le voyage, nous pouvions voir la folie destructrice de la rivière se préparer à dévaster Lima et autres villages.  Il y avait beaucoup d'eau et le courant était très fort.  À un endroit où nous sommes demeurés bloqué, la rivière grattait dangereusement le rebord de la route.  C’était épeurant.  Nous savions que toute cette eau se dirigeait vers la côte, mais nous étions loin de nous imaginer.  À un autre endroit, la rivière commençait à passer par-dessus le chemin.  L’autobus a dû passer lentement dans l’eau.  Afin d'ajouter un peu d'agrément à tout cela, il pleuvait fortement et André se faisait asperger par de l'eau provenant du toit.  Nous croyons que le chauffeur a fait un grand détour car finalement, nous sommes arrivés à 13h30 à Cajamarca, 5 heures plus tard que l’heure prévue.  Ce qui nous a surpris le plus dans tout cela, c'est le calme des enfants qu'il y avait à bord, malgré la faim et la soif. 

Par la suite, nous avons été chanceux: un autobus quittait pour Cajabamba 45 minutes après notre arrivée.  Nous avons donc rouler normalement pendant 3 heures jusqu’à destination, où les sœurs nous ont accueillis avec une bonne soupe.  Nous sommes arrivés à Cauday à 20h30, épuisés.  Le lendemain matin, nous étions époustouflés de constater l’ampleur qu’avait pris les événements de la veille.  À Cauday, nous sommes très bien, excepté le fait qu’il pleut beaucoup et qu'il fait froid.  Nous sommes très content d'avoir quitter Lima juste à temps.  Le Seigneur nous a épargné bien des problèmes.

Quand on dit qu’il pleut beaucoup à Cauday...

Quand on dit qu’il pleut beaucoup à Cauday...

REPRISE DES ACTIVITÉS

Ici, les activités reprennent peu à peu.  L'année scolaire a débuté le 5 mars.  Entre le jour de l'an et cette date, c'est la période des vacances.  Beaucoup profitent de ce moment pour aller visiter leurs familles.  Le village était donc vide.  Nous avons même constaté la différence les jours de marché.  Pour nous désennuyer un peu, nous avons ouvert le centre de pastoral et préparé quelques activités pour les jeunes.  Par contre, le peu de jeunes qu'il y avait préféraient jouer dehors et profiter du soleil en faisant de la bicyclette et courrir un peu partout.  Pour d'autres, c'était le travail dans les champs avec les parents.

Avec le recommencement des activités, nous avons appris que la cuisine communautaire d'Esperanza, où nous devions nous impliquer, a été fermée faute d'aliments.  Il est très difficile d'obtenir des commanditaires dans une région aussi pauvre.  Nous aurions pu aider beaucoup sur l'aspect de l'organisation et de la coordination.  J'ai proposé à l'une des membres du comité de s'organiser pour ouvrir au moins une fois par mois, ou aux deux semaines, mais sans argent et sans commanditaires...

UN BON DINER

Il y a deux semaines, nous sommes allés seuls à Vista Alegré pour diner chez la catéchète de cet endroit. Elle désirait nous proposer de l'aider dans son village pour la préparation des jeunes à la première communion et à la confirmation.  Pour allez chez-elle, il faut marcher dans les champs, par des sentiers.  Des gens très aimables nous ont reconduit chez-elle. Le diner fut très agréable.  Nous fûmes très bien accueillis avec du cochon d'inde et des spaghettis au menu ainsi qu'un pouding au maïs noir comme dessert. 

La petite maison dans la campagne...

La petite maison dans la campagne...

VISITE À UN MALADE

Nous sommes également allés loin dans la campagne reculée de Vista Alegré, mais en groupe cette fois-ci, afin d'aller prier pour un vieil homme de 98 ans.  Malade depuis 6 mois, il était allongé sur le devant de la maison, couché sur la terre battue, avec 1000 mouches autour de lui.  Je les ai comptés.  Non, en fait, il y en avait 235.  C'était très triste à voir.  On m'a expliqué que dans de tels situations, les gens peuvent être hébergés et soignés gratuitement à l'hôpital.  Mais les gens croient à tort qu'il faut payer et de plus, ils sont habitués ainsi depuis des générations.  Les gens meurent à la maison.

Photo prise à la chapelle de Vista Alegré dans le cadre de la visite au malade.

Photo prise à la chapelle de Vista Alegré dans le cadre de la visite au malade.

L'ÉTAT DES ROUTES

Avec les pluies, l'état des routes est pitoyable.  En préparation à la Semaine Sainte, nous (toujours en compagnie des catéchètes et parfois de la soeur respondable) allons présentés un film de Jésus dans les villages éloignés à l'aide d'un projecteur.  La réaction des gens est surprenante.  Pour plusieurs, il s'agit probablement de la première fois qu'ils voient un film sur un aussi grand écran.  Toujours bien qu'avec la pluie et l'état des routes, les déplacements sont difficiles.  Environ dans la même période des "huaicos", nous devions nous rendre à  Coïma, village en montagne.  En route, un ruisseau était devenue une rivière aussi large que la longueur de deux voitures et passait par-dessus le pont, avec un bon débit.  Personne n'osait traverser.  Une "combie", (vannette transformée en mini-autobus) a tenté sa chance.  Il y avait de l'eau jusqu'à la moitié des roues.  Puis un énorme camion de marchandise est passé sans problèmes.  La soeur désirait rebrousser chemin.  Finalement, ce fut facile avec la double traction.  Plus loin, même situation.  Par contre, le ruisseau, devenue rivière, était moins large.  C'est la façon dont la route est faite qui causait un problème.  En plus, il y avait de grosses pierres.  Après avoir analyser le tout, nous avons passé.  "Pistola!" pour utiliser une expression de la campagne.  Le retour fut plus facile, le débit de l'eau ayant diminué. Ces derniers temps, ce sont les trous et la boue qui cause des problèmes.  Il faut aller très lentement.

SEMAINE SAINTE

Au moment d'écrire cette section, nous sommes en pleine Semaine Sainte et en plein choc culturel.  Cette semaine est importante et demande beaucoup de préparatifs.  Processions, soirée de prières, rosaires.  Chaque jour est différent.  Vendredi le 7 avril, en PM, chemin de croix au centre du village, "Plaza de Armas".  Il faut accrocher sur les bâtiments des affiches représentant les stations du chemin et les villageois doivent installer une table avec des fleurs, des bougies et décorer un peu le tout.  Après avoir travaillé durement,  le chemin fut gâché par une forte pluie.  Plusieurs affiches se sont retrouvés dans les gollées, trempées.  Heureusement qu'ils étaient plastifiés.  La procession s'est poursuivie après la diminution de la pluie. 

Samedi en PM, nous étions attendu à Malcas, village situé dans la vallée à une trentaine de minutes de Cajabamba, pour une célébration et la présentation d'un film.  Il n'y avait personne à l'exception du catéchète et de sa famille.  Ce village constitue une mission très difficile.  Le manque d'organisation du catéchète et un certains relâchement cause des problèmes.  En soirée, récitation d'un rosaire dans la maison de la famille Carranza et présentation du film de Jésus.

Dimanche des rameaux: procession.  Avec la bénédiction de Dame Nature, une procession a lieu de la maison de la famille Carranza à l'église de Cauday.  On installe un Jésus sur un âne et nous marchons en chantant.  L'âne est accompagné de son bébé tout mignon. Nous nous arrêtons de temps en temps pour prier et méditer sur des paroles.  Arrivé à Cauday, c'est l'entrée victorieuse de Jésus dans le temple, avec les ânes qui refusent d'entrer dans l'église.  Avec un peu d'insistance et de forces physiques, ils finissent pas se rendre jusqu'à l'Autel. Le tout est suivi d'une messe. Ce fut très agréable comme procession.  C'était très beau.  Nous y avons même fait la rencontre d'un homme originaire d'ici, mais qui habite l'Italie depuis 50 ans.  Tout comme à l'école de langue, nous avons pu converser sans trop de problèmes avec lui.  C'était extraordinaire pour nous.  Il nous a avoué que lorsqu'il vient voir sa famille, il lui faut une semaine pour s'habituer au dialecte des gens d'ici. Très réconfortant pour nous.  (Nous l'avons revu plusieurs fois par la suite).

Procession du dimanche des rameaux à Cauday.
Procession du dimanche des rameaux à Cauday.

Procession du dimanche des rameaux à Cauday.

Procession du dimanche des rameaux à Cauday.
Procession du dimanche des rameaux à Cauday.

Procession du dimanche des rameaux à Cauday.

Immédiatement après la messe, la soeur, un jeune homme très impliqué dans la paroisse, et nous-mêmes, devions quitter pour Cajabamba car nous avions à nous rendres dans un village dans la vallée, Tabacal.  Arrivée à la maison de Cajabamba, la seconde soeur nous a accueillie avec un diner.  Quelle charmante attention!  Nous en étions très heureux car nous avions faim.  C'était excellent. Puis, avec deux professeurs de religion, nous avons quitté vers la vallée, près de Malcas.  Les gens y sont très chaleureux et nous y sommes toujours bien accueillis. Ils nous attendaient avec un repas. Oups! Riz, patates et poulet.  Nous n'avions pas le choix.  C'était excellent, mais cela nous faisait deux repas en peu de temps.  Pas besoin de vous signaler que cette journée-là, nous n'avons pas souper.

Après le repas, procession identique à celle de Cauday, mais avec moins de monde car Dame Nature fut moins clémente.  Il plut à un point tel que nous avons dû nous habriter à la maison d'une famille située sur notre route.  Nous nous sommes tous réfugiés sur le perron, sauf l'âne qui semblait préféré prendre une douche.  Nous étions tous trempés jusqu'aux os et plusieurs avaient froid.  Lorsque la pluie fut plus légère, nous avons pu poursuivre la procession, mais sans chants et sans prières, empressés de se rendre à la petite église du village.  Le retour à la maison fut très réconfortant.

Procession du dimanche des rameaux à Tabacal.
Procession du dimanche des rameaux à Tabacal.

Procession du dimanche des rameaux à Tabacal.

Procession du dimanche des rameaux à Tabacal.  En AM, il fait gros soleil, en PM, il pleut averse.
Procession du dimanche des rameaux à Tabacal.  En AM, il fait gros soleil, en PM, il pleut averse.

Procession du dimanche des rameaux à Tabacal. En AM, il fait gros soleil, en PM, il pleut averse.

Lundi soir: rosaire et procession. Pour la procession, qui se fait à la nuit tombée autour de la "Plaza de Armas",  ils fabriquent deux supports qui ressemblent à des bateaux... l'une avec un buste à l'effigie de Jésus Christ et la seconde avec une poupée à l'effigie de Marie.  Les supports sont décorés et agrémentés de plusieurs bougies. Le support portant Jésus doit assurément peser 1 tonne. Trop lourd pour moi. Le second est plus léger et est transporté par les femmes. À chaque soir de procession, la décoration du support est changée ainsi que les vêtements et la position de Jésus Christ.  Une photo vaut milles mots, alors..., voyez par vous-même.

Départ de la procession de soir.

Départ de la procession de soir.

Mardi soir: rosaire et procession en plus de la projection d'un film de Jésus.  L'église était presque pleine.  De plus, nous devions nous rendre à Chuquibamba, premier village que  nous avons rendu visite lors de notre arrivée dans la région (voir le début du blog).  Mais à cause d'un mauvais rhume, je n'ai pu servir de chauffeur et nous sommes demeurés, Odette et moi, à Cauday afin de participer aux activités et d'organiser la projection du film.

Projection d'un film dans l'église de Cauday.
Projection d'un film dans l'église de Cauday.

Projection d'un film dans l'église de Cauday.

Mercredi soir: rosaire et procession à la "Plaza de Armas".

Le jeudi Saint se compose d'une messe nous rappelant le dernier repas de notre Seigneur Jésus-Christ suivi de l'exposition et de l'adoration du Saint-Sacrement.  Des rosaires sont récités dans les divers villages de la région.

Exposition du Saint-Sacrement.

Exposition du Saint-Sacrement.

Vendredi Saint en matinée, ce fut le meilleur moment de la semaine.    À chaque année, les professeurs de l'Institution Éducative "José Carlos Mariátegui" (collège de Cauday) organise avec les élèves une reconstitution de la Passion du Christ avec une véritable crucifixion, sans les clous, bien sûr.  Très beau.  On se croirait presqu'à l'époque.  On peut s'imaginer facilement la dureté des événements ainsi que toute la violence et la cruauté des hommes envers notre Seigneur Jésus-Christ.  Un système de son embarqué sur la camionnette permettait la description des événements à chaque station du chemin de croix.  Le tout a été suivi d'un diner sans viande pour tous au centre de pastoral.  Pendant l'attente du repas, Odette s'est fait plein de nouvelles amies.

Les amies d'Odette.

Les amies d'Odette.

Chemin de croix dans les rues de Cauday.
Chemin de croix dans les rues de Cauday.

Chemin de croix dans les rues de Cauday.

Chemin de croix dans les rues de Cauday.
Chemin de croix dans les rues de Cauday.

Chemin de croix dans les rues de Cauday.

En soirée, vers 21h00, ce fut la descente de notre Seigneur Jésus-Christ de la croix.  On décroche alors le jeune qui est crucifié depuis la matinée.  En fait, il s'agit, bien entendu, d'un crucifix sur lequel nous pouvons décrocher le personnage de notre Seigneur.  Pour se faire, toute une mise en scène est effectuée avec des chants répétitifs qui ressemblent à des lamentations. En effet, 4 hommes et un enfant, habillés de blanc et représentant des prêtres qui s'occupent de l'embaumement du Seigneur, s'approchent avec des échelles. Le crucifix est caché par des arbres que nous sommes allés chercher dans l'après-midi.  Tout se fait avec une lenteur extrême. On brise tout d'abord les branches pour faire apparaître le crucifix.   Un faux prêtre retire les clous un à un à l'aide d'un linge blanc, les remet un à un à un autre faux prêtre qui s'approche du support en saluant par trois fois la Vierge.  Par la suite, lentement, il présente un clou à la fois par trois fois. Un ado, caché sous le support, fait bouger le bras de Marie qui fait également trois salutations pour chaque clou.  Après, ce sont les 3 rayons qui représentent les 3 potences du Seigneur (le monde, le démon, la chair) que l'on apporte un à un à la Vierge.  Ils poursuivent avec la couronne d'épine et la perruque du personnage jusqu'à la descente du Seigneur.  C'est très long. Un peu plus de 2 heures.  Il ne faut pas oublier le froid qui entrait par les portes de l'église qui sont toujours grandes ouvertes lors des événements religieux.  Des villageois demeurant à près d'une heure de marche viennent assister à cette cérémonie.

Le crucifix dont on a descendu Jésus.

Le crucifix dont on a descendu Jésus.

Dimanche matin, c'est le jour de la Résurrection.  Alors, levée du corps à 4h00.  Nous allons fêter la résurrection du Christ dehors, avec un feu de camp en plein milieu de la rue, face à l'église.  La cloche de l'église sonne pour annoncer la Bonne Nouvelle: "Cristo es vivante!".  Chants et prières à la bougie puis procession dans l'église.  (Je devrais plutôt dire, entrée dans le congélateur.  Puisque tout est en ciment, il fait souvent plus froid à l'intérieur qu'à l'extérieur. Nous étions bien autour du feu.)  Le tout est suivi par la projection d'un film sur la vie de Marie avec, en collation (ou déjeuner pour quelques-uns), un verre de lait chaud avec cannelle, sucre et avoine ainsi qu'un sandwich aux oeufs.  Messe à 11h00.  Le tout se termine à 12h15.  La Semaine Sainte est terminée.  Maintenant que notre Seigneur est ressucité, nous pouvons tous retourner à la maison pour fêter dans la joie avec nos familles.  Plusieurs membres du comité organisateur ne cachent pas leur contentement que tout soit terminé.  Ce fut une dure semaine pour eux.  Bravo!

4h00 du matin.  Feu de joie devant l'église.
4h00 du matin.  Feu de joie devant l'église.

4h00 du matin. Feu de joie devant l'église.

Après une pause d'un jour, nous nous rendons en camionnette à Namura, à 2h00-2h30* de route de Cajabamba, pour une rencontre avec les prêtres de la région.  Ces derniers présentent les thèmes de l'année, les objectifs, les projets et coordonnent des dates de festivités avec les Soeurs et Pères présents.  Après la rencontre, nous sommes invités à diner par le prêtre de la paroisse où a eu lieu la réunion.  Poisson au menu avec riz et patates.  Sans oublier l'énorme bol de soupe comme entrée. Incapacité totale à tout ingérer.  Comme je l'ai déjà dit, il pleut même lorsqu'il y a du soleil.  Naturellement, nous pouvons alors voir de magnifiques arcs-en-ciel.  Alors au retour, dans la vallée, nous avons vu pour la première fois un arc-en-ciel terrestre.  Je dis terrestre parce qu'il n'était pas dans le ciel, mais à la hauteur des yeux.  Incroyable! 

*2h00 pour se rendre parce que nous descendons vers la vallée et 2h30 pour le retour à cause de la remontée dans les montagnes.  La camionnette a peine à monter les pentes.  Sans compter les innombrables courbes en épingle.

Eglise de Namura et Jesus dans son tombeau.
Eglise de Namura et Jesus dans son tombeau.

Eglise de Namura et Jesus dans son tombeau.

LES PROBLÈMES DES GENS

Après avoir discuté avec d'innombrables personnes et analyser la vie d'ici, j'aimerais vous dire que, malgré les différences culturelles, les gens d'ici vivent les mêmes problèmes que nous, au Québec, les mêmes émotions, les mêmes joies, les mêmes peines, les mêmes déceptions, que ce soit au niveau de la famille, des études, du travail. Par exemple, une famille qui espérait que leur enfant parte faire de hautes études à la fin du collège est non seulement demeuré à la maison, mais il y habite maintenant avec une concubine.  Ceci à la grande tristesse des parents qui sont dans une incompréhension totale du comportement de leur fils.  

NOTRE AMI AUX ÉTUDES

Aussi, il y a un jeune homme de 20 ans, très réservé mais très dévoué à la paroisse, qui a entamé des études en technique d'agronomie dans une école de Cajabamba. Cela nous a très surpris car il vit dans une famille très pauvre. Il a passé 3 mois à Lima chez le frère d'une connaissance afin de travailler pour lui au salaire minimum pour amasser de l'argent.  Nous avons pu constater une grande différence dans son habillement suite à son retour à Cauday. Nous avons appris qu'il a eu l'obligation de revenir car, étant l'enfant le plus jeune à la majorité, (il a de jeunes frères), il se doit de demeurer à la maison afin d'aider sa mère à faire vivre la famille (le père est décédé).  Il n'existe pas de programmes pour aider les familles dans le besoin ou pour aider les jeunes à poursuivre des études.  Les gens doivent se débrouiller par eux-mêmes.  Il y a des pères de famille qui se retrouvent sans emplois et qui tentent de faire vivre leurs familles en vendant divers articles dans la rue ou à vendre des "Popsicles".

Cela me fait penser au drame des huaicos.  Il a fallu du temps avant que le gouvernement bouge un peu en envoyant la Policia Nacional et l'armée.  Ils commencent à peine à entamer les réparations dans Lima.  Mais pour la population qui a tout perdu, le gouvernement se fie davantage sur les organisations publiques et sur l'entraide avec, comme slogan, "Una sola fuerza" ou "Une seule force".  Encore ce midi, aux nouvelles, les sinistrés de Carapongo demandaient de l'aide.  Une dame a présenté une photo de l'endroit avant le sinistre.  Tout est dévasté.  Il ne reste que quelques bâtiments et il y une prolifération d'insectes.  La semaine dernière, dans une autre ville, il y avait plus de 800 cas d'une maladie dont je n'ai pas saisi le nom.  Par contre, nous pouvions voir un enfant couvert de gales aux jambes et aux bras.  Il est difficile d'aider la population lorsque, dans une seule ville, il y a autant de personnes qu'il y en a dans tout le Québec et que la fraude ainsi que la violence sont omniprésentes. La majorité des ressources sert à assurer la sécurité de la population.  Par exemple, ce matin, ils ont annoncé aux nouvelles que la police a appréhendé un faux dentiste dont les lieux de travail étaient, disons, peu hygiénique.   Ma dent ne me fait plus mal tout d'un coup!  Aussi, un grand hôtel vient d'être fermé pour insalubrité de la cuisine: coquerelles, viande passé date, fruits moisis, présence de pourritures et de champignons dans les armoires et réfrigérateurs.  Je ne sais pas pourquoi, j'ai un peu moins faim ce midi. Je vais me contenter d'un paquet de biscuits soda.

Malgré tout, notre ami tente un retour aux études.  Il doit marcher jusqu'à 2h30 le matin pour se rendre à Cajabamba et 2h30 pour revenir.  Il pourrait prendre le taxi, mais il doit économiser car il doit également payer  les frais scolaire, le matériel et ses repas (on nous a dit que parfois, il ne mange pas).  Même s'il est possible d'avoir un logement très abordable à Cajabamba, cela est tout à fait hors de ses moyens.  Certes, il pourrait travailler en même temps, mais les emplois sont extrêmement rares dans notre région. D'ailleurs, avant de quitter Cauday pour aller travailler à Lima, il n'effectuait que de rares petits contrats.  Il en a pour 3 ans.  Combien de temps pourra-t-il tenir? C'est le genre de situation que les gens et les jeunes d'ici doivent faire face.  Cela nous fends le coeur car il y a peu de ressources possibles pour lui.   Nous aurions voulu l'aider au point de vu monétaire, mais les montants sont trop élevés pour nous qui sommes actuellement sans aucun revenu.  Les soeurs réfléchissent à une solution accessible pour elles.  Il est difficile d'avantager un individu au détriment des autres personnes qui s'impliquent également dans la paroisse et qui auraient également besoin d'aide.  Alors imaginez ce qu'il en adviendra de sa motivation et de ses études...  Nous allons vérifier s'il existe des organismes au Québec ou ailleurs qui peuvent aider ces jeunes.  Si vous en connaissez...

J'ai terminé notre blog sur cette note quelque peu triste car cette semaine, nous avons été conscientisé davantage aux problèmes que vivent les gens d'ici et nous désirions vous faire part qu'il faut savoir relativer nos problèmes lorsque nous en avons.  En général, nous sommes bien chanceux de vivre au Québec.  Nous avons des ressources disponibles.  Il y a divers programmes gouvernementaux pour aider la population. Il s'agit de chercher un peu.   

Nous vous souhaitons un beau printemps.  De notre côté, nous entamons l'automne.  Bien que l'hiver approche, il fera plus chaud car la saison des pluies sera terminée.  Les gens de Cauday considèrent davantage cette période comme l'été à cause de la chaleur.  Alors vive l'hiver!

À bientôt.

LA MISSION CONTINUE

Rédigé par Andre

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